Nous cheminons vers la fin de la période de Pâques, et tous les textes de ce jour nous relatent les derniers moments de la vie et de la mission de Jésus ici sur terre. L’Évangile nous brosse en substance la prière que Jésus a adressée à son Père en faveur de ceux qu’il lui avait donnés. Cette prière a suivi les dernières recommandations de Jésus à ses disciples. La célébration eucharistique de ce dimanche a été présidée par l’Abbé Lazare. La chorale Saint Martin a aidé dans l’animation de la messe en chants liturgiques. Les lectures ont été tirées du Livre des Actes des Apôtres (1, 1-11), de la première épître de saint Pierre apôtre (4, 13-16) et de l’Évangile selon saint Jean (17, 1-11a).

Homélie

Jeudi dernier, nous avons fêté la solennité de l’Ascension du Seigneur. Les disciples de Jésus pensaient plutôt que c’était en ce moment qu’il allait prendre le pouvoir et renvoyer les colons Romains qui pesaient sur leur pays. Curieusement, il leur a dit qu’il leur enverrait le Saint Esprit et il est monté au ciel. Cela leur a laissé une grande interrogation, surtout que la Bible nous dit qu’il y avait parmi eux ceux qui doutaient encore. Ce sont les anges qui sont descendu leur dire que ce Jésus qu’ils avaient vu monter reviendrait dans les mêmes conditions. Après, ils sont montés dans la chambre haute pour prier et attendre la venue du Saint Esprit tel que promis par Jésus. Avec sa venue, les apôtres ont commencé à proclamer la Bonne Nouvelle du salut à toutes les nations, même notre pays a été évangélisé. Oui, nous pouvons nous réjouir que nous connaissons l’Évangile, mais nous devons aussi nous demander si cette Bonne Nouvelle est réellement entrée dans notre vie et tout notre être. Pour bien des cas, on penserait plutôt qu’elle est restée au niveau de la bouche seulement sans que notre vie en soit imprégnée.

Jésus nous a demandé de garder ses Paroles, d’observer ses commandements et d’annoncer la Bonne Nouvelle du salut à toutes les créatures. Même après sa résurrection, il a demandé à Marie de Magdala d’aller annoncer aux onze qu’il les précèdera en Galilée. Jésus nous appelle ses frères et nous sommes si fiers de l’être. Mais alors, est-ce que notre comportement et la façon dont nous gérons notre vie montre que nous sommes des frères et sœurs qui s’aiment vraiment ? Évaluons-nous et voyons si notre vie est semblable à celle d’Adam et Eve au jardin d’Eden avant qu’eux-mêmes ne soient trompés par le serpent. Si nous constatons que ce n’est pas du tout le cas, alors sachons que nous avons failli et cherchons à nous rétracter avant qu’il ne soit tard.

Une autre chose que nous retenons de la prière de Jésus sont les Paroles ‘Père, l’heure est venue’. Il parlait de l’heure de sa passion qui est en même temps le moment de notre rédemption, mais aussi l’heure de sa glorification. Quand il dit, ‘Père, glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie’, il a voulu nous dire que nous aussi nous serons glorifiés. Mais à cela il y a une condition : nous serons glorifiés quand nous aurons accompli la mission que le Père nous a confiée. Jésus lui-même a réclamé la place et la gloire qu’il avait auprès de son Père après avoir fait toute la volonté de son Père ici sur terre. Il dit, en effet, ‘Je leur ai fait connaître ton Nom et j’ai gardé tous ceux que tu m’as donnés’. Est-ce que nous autres, faisons-nous connaître le Nom de Dieu à ceux qui sont à notre charge : notre mari, notre femme, nos enfants, nos parents, nos camarades d’école, nos collègues, nos voisins et autres ? Leur donner la nourriture corporelle ne suffit pas du tout, il nous faut en plus leur faire connaître le Nom de Dieu sans oublier d’observer ses commandements. Revoyons donc vite notre comportement avant de réclamer quoi que ce soit à Dieu. Et quand nous l’aurons fait, nous pourrons, à notre âge avancé, dire comme le vieux Siméon :  ‘Maintenant, O Maitre souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole’. (Luc 2, 29). Saint Paul a, à un certain moment, dit que mourir lui serait avantageux. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus a, quant à elle, dit qu’elle ne meurt pas, mais qu’elle entre dans la vie. Ici nous ne citons pas d’autres gens qui nous ont laissé de bons exemples de vie de piété et qui n’ont pas eu peur d’affronter la mort, ce qui n’est pas du tout le cas pour ceux qui vivent, et meurent dans le mal du début à la fin.

Dans le langage burundais, on dit de quelqu’un qui est mort qu’il a répondu à l’appel de Dieu. Ne soyons pas dupés : on y répond si et seulement si on a entendu et répondu à la voix de Dieu de notre vivant. Comprenons ici pourquoi on dit que nous communions tous au même corps du Christ mais la fin n’est pas la même : certains y reçoivent la vie, et d’autres y trouvent la mort à cause de leur péché. Nous sommes tous nés de Dieu, mais Jésus a prié seulement pour ceux que le Père lui avait donnés et ceux qui croiront à cause de la parole qu’ils auront entendue de la part des apôtres. Nous ne devons pas nous faire des illusions comme quoi nous sommes des ayants-droits devant Dieu. Ceci veut dire qu’il y a des gens qui reçoivent le baptême pour rester devant la porte de l’Église au lieu d’y entrer et faire ce que les autres membres de la famille font. De telles personnes finissent par s’en écarter et se perdre. Nous devons progresser dans notre Église-famille, franchir la porte de celle-ci, faire l’apostolat dans cette famille et continuer jusque même devant la porte du ciel et demander du repos comme le vieux Siméon. Sachons-le donc, la première des étapes est d’aimer et venir en aide à notre prochain et tout faire pour être en union avec lui. Les Saintes Écritures nous disent en effet que la prière des gens qui sont en communion se retrouvent exaucée. De plus, Jésus nous demande de laisser notre offrande devant l’autel et d’aller d’abord nous réconcilier avec notre prochain, sinon cette offrande ne peut être accueillie. C’est le Saint Esprit qui nous donne de nous réconcilier et de vivre en communion. Au cours de cette période où nous sommes déjà en cours de la neuvaine au Saint Esprit, demandons ce même Esprit de nous faire parvenir à cette étape d’être de vrais enfants de Dieu, de nous sentir comme des frères et sœurs fidèles à ses Paroles et ses commandements. Amen

N. M.