Dans le cadre des préparatifs de la célébration du jubilé de 125 ans d’évangélisation du Burundi prévue en août de cette année en cours, les amis et fidèles du Sanctuaire de la Reine de la paix et la réconciliation de Mont Sion Gikungu ont effectué un pèlerinage au Sanctuaire du Cœur Sacré de Jésus de Muyaga, ce dimanche 12 mars. Précisons que le premier pèlerinage dans cette même ligne d’idées a eu lieu en décembre 2022 à la Paroisse Sainte Marie Immaculée de Buhonga dans l’Archidiocèse de Bujumbura et le tout dernier aura lieu en Ouganda au mois de juillet. Seulement pour ces pèlerins, Muyaga ne leur est très étrange car ils y avaient effectué un pèlerinage en 2019 dans la perspective de la célébration du jubilé de 25 ans du Sanctuaire de Mont Sion Gikungu.
Ces joyeux pèlerins n’avaient peut-être pas bien dormi la nuit de ce jour car ils étaient sur le lieu d’embarcation et de départ, au Mont Sion, à six heures du matin pour être sûrs de ne pas déranger le programme prévu. Ils ont même devancé les bus qui devraient les déplacer tout au long de ce trajet de l’ouest vers l’est en passant par le centre du pays. Ils savaient très bien en effet qu’ils devraient quitter la Mairie de Bujumbura, traverser les provinces de Bujumbura Rural, Muramvya, Gitega et Ruyigi avant de parvenir à Cankuzo. Ils savaient de plus qu’ils devaient porter des habits qu’il fallait pour se sentir toujours à l’aise quand ils franchiraient les régions des Mirwa aux températures les plus basses, les plateaux centraux où il fait frais ainsi que les dépressions de l’est au climat chaud mais pas au même titre que la plaine de l’Imbo, leur lieu de départ. La bénédiction du Père Supérieur de la Communauté fut le dernier signal de démarrage, c’était à 6h 48 minutes. Le programme de la phase allée était bien établi par la commission liturgie qui avait programmé une activité pour chaque moment jusqu’à Muyaga : un silence méditatif au départ, des chants d’animation libre, quatre chapelets qui constituent le Rosaire, la litanie de la Vierge Marie, le chapelet de la Miséricorde Divine et même le temps d’échange et de partage.
Les pèlerins avaient voulu être au Sanctuaire du Cœur Sacré de Jésus, en paroisse Muyaga à 10h et demie, mais les vicissitudes liées au transport ont fait qu’il y ait un retard de près de deux heures. Ceci ne pouvait qu’affecter tout le programme d’après. A leur arrivée, les pèlerins se sont dirigés vers la Sanctuaire pour la Messe du dimanche. Celle-ci a été présidée par l’Abbé Richard HAVUGIYAREMYE, Vicaire paroissial à la Paroisse Muyaga et Directeur d’internat au lycée Muyaga. Celui-ci avait pris le soin de quitter Cankuzo la veille pour prendre les pèlerins et remonter ensemble avec eux. La chorale des élèves du lycée ci-haut mentionné ont pris le soin d’animer la sainte messe en chants liturgiques, ce que le Père Recteur du Sanctuaire de la Reine de la paix et la réconciliation de Mont Sion Gikungu n’a pas oublié de reconnaître vers la fin de la messe.
Homélie de l’Abbé Richard
Les lectures proposées pour ce dimanche (Exode, 17, 3-7 ; Epitre aux Romains 5, 1-2. 5-8 et l’Evangile selon saint Jean 4, 5-42) nous parlent de la rencontre de Jésus avec la femme de la Samarie. Rencontrer Jésus n’est pas un fait du hasard, c’est un plan de Dieu, comme nous le trouvons dans l’Evangile selon saint Jean (6, 65). Il est écrit en effet que nul ne va vers Jésus si cela ne lui est pas donné par le Père. C’est ce Dieu qui vous a appelés de Mont Sion Gikungu pour venir ici à Muyaga pour rencontrer son Fils dans ce lieu où a été allumé le premier feu pascal dans notre pays le Burundi, c’était en 1898. La rencontre de la femme Samaritaine était un plan divin à proprement parler car en général en Samarie, les gens préféraient aller puiser de l’eau les matins ou les soirs. Voici que cette femme y est allée toute seule et silencieuse vers midi. Sa rencontre avec Jésus a brisé le silence car ils ont commencé leur dialogue qui a fini par guérir et redonner espoir de vivre à cette femme stressée, angoissée et fatiguée.
Jésus se déplace toujours avec un objectif, il va pour guérir et sauver les âmes fatiguées et sauver les pauvres et les malheureux qui crient vers lui. Nous ne trouvons nulle part dans la Bible où il est écrit que Jésus est allé chez Ponce Pilate, ou le grand Prêtre ou quelqu’un d’autre qui soit de rang social élevé. Cette femme de Samarie était brisée par tout ce qu’elle avait vécu et ce qu’elle vivait au moment de sa rencontre avec Jésus : elle avait été désertée par cinq hommes qui l’avaient, un après l’autre, épousée et prise pour femme. Jésus lui révèle que même celui avec qui elle habitait n’était pas le sien propre. Nous pouvons nous imaginer le chagrin de cette femme qui ne pouvait pas avoir la joie d’une femme heureuse avec son mari. Ce sont des gens qui ont des difficultés énormes dans leur vie que Jésus veut rencontrer et guérir.
Seulement, la rencontre avec Jésus exige une chose. A la femme de Samarie, Jésus a demandé de l’eau à boire. A toi et à moi, il demande que nous lui soumettions nos peines et nos soucis sans rien lui cacher. C’est ce que l’Evangile selon saint Matthieu (16, 24-25) nous dit quand Jésus invite vers lui toutes les personnes qui peinent sous le poids du fardeau pour être soulagées par lui. La femme de Samarie a cru en Jésus après leur dialogue ; nous sommes appelées à croire en lui quand il nous parle. Jésus attend ensuite une demande sincère de notre part comme la Samaritaine qui lui a demandé de l’eau vive afin de n’avoir plus soif ni de revenir chaque fois à la source pour puiser. Si nous ne demandons rien, il ne nous donnera rien et nous accusera de ne lui avoir pas exposé nos soucis. En ce cas, nous serons comme un soldat qui n’informe pas son chef sur la situation de terrain. Si une fois il se retrouve dans une situation de faiblesse et qu’il ne demande pas de renfort, il doit être tenu responsable des dommages. Ceci pourra être le cas pour toute personne qui ne croit pas en Jésus ou qui ne lui fait pas confiance en lui exposant ses soucis.
Quand nous allons vers Jésus, tendons-lui nos bras et restons-y sans pour autant vouloir ni rêver à nous détacher, sinon nous irons frapper notre prochain ou lui voler ses biens. Ceci serait un signe que nous n’aurons pas mis toute notre confiance en Lui qui nous guide, nous réconforte et nous protège en tout et partout. La femme de la Samarie a compris que Jésus était la source de l’eau vive et a laissé sa cruche pour aller appeler les habitants de sa ville afin qu’eux aussi viennent s’abreuver à cette Source. A notre tour, pensons chaque fois à partager avec nos prochains les talents et grâces dont Dieu nous comble sans cesse. Ne nous laissons pas emportés par ce que le monde présente comme source de joie, comme les jeux ou la boisson. Se détourner de Dieu est un péché qui écœure le Tout-Puissant comme le prophète Jérémie le dit au deuxième chapitre, verset 13 : Mon peuple a commis deux péchés : il m’a abandonné, moi la source d’eau vive, et il s’est fait construire des greniers avec des fissures et qui ne peuvent pas contenir de l’eau. ‘Sachons dès maintenant que Jésus est notre source qui nous abreuve et étanche notre soif une fois pour toutes. Ceci est d’autant plus vrai que nous sommes créés pour la vie et non pour la mort’, conclu l’Abbé Richard.
Visite guidée des lieux significatifs sur la montagne
Après la Messe, les pèlerins ont été guidés pour visiter certains endroits plus symboliques du lieu. L’église paroissiale qui a été bénie en 1917 et reste bien solide et en bon état jusqu’aujourd’hui, il y a un premier fauteuil sur lequel Monseigneur Gerbions s’est assis lors de la proclamation solennelle de l’existence de la mission paroissiale de Muyaga. Le bois qui sert de piliers du toit et de la charpente de l’église reste sans faille jusqu’à nos jours. Il y a également la tombe du Père qui a été le second curé de la Paroisse pendant 40 ans. Plus significatif que tout, il y a la croix de Misugi, la première à être implantée sur le territoire national par les premiers missionnaires venus de la Tanzanie. Cette croix a survécu à plusieurs feux de brousses. De l’église paroissiale, les pèlerins ont pris la direction de ‘la montagne de Dieu’. Là, chaque chose a une signification et toute une histoire combien envoutante : pierres, arbres, écriteau, croix, images et bâtisses. Si l’on doit répéter les mots de l’apôtre Pierre sur le Mont Tabor, il serait mieux que les pèlerins y restent, ne fusse que pendant quelques jours, afin d’y ériger trois sanctuaires : un pour la Sainte Trinité, un pour la Vierge Marie et un autre pout tous les pèlerins qui visitent sans cesse le lieu.
A leur descente de la montagne, les visages des pèlerins étaient si brillants et joyeux que les images photographiques, ni même les paroles de bons rédacteurs ne peuvent traduire si clairement. Un petit moment d’adoration a suivi la descente de la montagne et a donné le coup d’envoi au chemin retour, c’était à 16h20 minutes. Notons que le chemin a semblé plus longue que prévu car les bus ont connu de sérieux problèmes techniques et le manque de carburant en cours de route. Ceci a fait que le premier bus ait franchi les enceintes de Mont Sion à 23 heures et le dernier un peu avant minuit et demie. Alors dira-on que le pèlerinage a duré deux jours ?
N.M.