Au sanctuaire Marial Reine de la Paix et de la Réconciliation, Mont Sion Gikungu, ce 7 Aout 2020 à 7h 30minutes, les Trois cloches, qui d’habitude sonnent pour annoncer l’entrée des messes et heures des différentes prières au long de la journée, ont retenti pour annoncer l’arrivée du corps de Père Othmar  Landolt au Sanctuaire qu’il a tant aimé et servi, pour les honneurs et obsèques. Le corps a été alors acheminé à l’intérieur du Sanctuaire de la Paix et de la Réconciliation, où des Chrétiens venus de tous les coins, des prêtres et des religieux, au rythme du chapelet et des chansons de méditation, lui ont donné les derniers hommages à partir de 8h00. A 8h45minutes, le corps du Père Othmar, toujours accompagné par des chrétiens chantant de chansons de vocation sacerdotales et  mariales, a été amené à l’Eglise Sainte Trinite du Sanctuaire, où allait se dérouler la messe d’adieu à 9h00, célébrée par l’archevêque de Bujumbura Monseigneur Gervais Banshimiyubusa, accompagné par l’archevêque émérite de Bujumbura Monseigneur Evarist Ngoyagoye et beaucoup d’autres prêtres.

Jésus nous demande: «Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. » C’est avec ce cœur que nous sommes venus en ces moments où nous avons perdu notre prêtre.  Prions alors avec un cœur plein d’espérance. Que le Seigneur, lumière de ceux qui se reposent en paix soient notre lumière de la paix ». Sur ces mots de l’Archevêque, le corps qui était jusque-là à l’entrée de l’église a été achemine devant l’autel.

Biographie du Père Othmar Landolt, Isch

Dans une petite note  biographique, le Père Recteur Herménégilde COYITUNGIYE, a alors rappelé en peu de mots la vie de Père Othmar Landolt: Né le 26 Septembre 1941 en Suisse, Il fut ordonné prêtre le 20 Décembre 1970, et a commencé sa mission en Suisse, jusqu’en 1974 quand il a été envoyé au Burundi le 14 Aout 1974, la veille de la fête d’Assomption. Dans son souci de bien  s’intégrer dans la société Burundaise,  il est alors aller apprendre le Kirundi à Muyange, Kayanza même si il n’a pas terminé puisqu’il devait venir aider à Mutumba. Apres son travail apostolique dans la paroisse Mutumba, il est alors descendu à Bujumbura pour être le recteur du Sanctuaire Marial et les travaux de construction en cours à l’époque. Il s’est énergiquement impliqué non seulement dans la construction du sanctuaire mais aussi dans la construction des âmes par le sacrement de réconciliation qu’il donnait très souvent. Malgré que la guerre civile faisait rage dans le pays et beaucoup de doutes dans beaucoup de cœurs, il est allé à l’archevêque de l’époque, Monseigneur Evariste Ngoyagoye pour demander la permission de construire l’église, et Monseigneur a répondu favorablement que c’était le moment où on avait le plus besoin de l’église.   

C’était quelqu’un de toujours joyeux, comme il puisait cette joie dans sa devise sacerdotale, « Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complete” Jean 15, 11».

Le père Herménégilde a mentionné trois signes caractéristiques du Père Othmar Landolt par lesquels on se souviendra de lui. Premièrement, Père Othmar était  éleveur des abeilles « Umuvumbi », métier qu’il avait hérité de son père, disait-il. Ce métier lui avait valu le surnom de « Nzuki » (Abeilles ».Chaque fois qu’il récoltait le miel, il veillait à ce que tout le monde ait sa part (toutes les communautés du sanctuaire).

Le deuxième signe est le tour des trois cloches.  La construction du tour des trois cloches a été entièrement son initiative, alors que tout le monde était contre. C’était l’époque où tous les jours et nuits sifflaient les balles et explosions suite à la guerre. Ça été l’idée du Père Othmar de mettre en place un autre son différent, un son de paix. Il voulait que le monde sache que malgré tout, à Mont Sion Gikungu il y a Dieu, que c’était un lieu de rencontre avec le Dieu d’amour et de paix.

Le père Herménégilde, comme troisième signe, a souligné que Père Othmar était une richesse pour Mont Sion Gikungu, pour avoir guéri beaucoup de cœurs grâce au sacrement de la réconciliation qu’il donnait presque en permanence.  Chaque jour, il prenait place près du Sanctuaire de Paix et de la Réconciliation, pour recevoir d’éventuels gens voulant se confesser. Quand les pères de la communauté étaient très occupés, il les réprimandait des fois de ne pas donner assez de temps à la confession.  

Les chrétiens de Mont Sion Gikungu, se rappelleront aussi toujours du Père Othmar par son enseignement les appelant à être «amabuye mazima» (des Pierres vivantes).  C’était au moment de la construction de l’église Sainte Trinite du Sanctuaire, en plein guerre civile,  ou se référant aux pierres de construction, il ne cessait d’appeler les chrétiens à être de vras composants du corps du Christ et de l’Eglise.  Son enseignement lui avait valu un autre surnom de « mabuye mazima » (Pierres vivantes).

Il a souligné que c’était une énorme perte pour les Pères de Schoenstatt, puisqu’il les égayait souvent par des histoires les faisant rire.  Il a rendu son âme ce lundi 3 Aout 2020 à l’hopital Kira Hospital à Bujumbura  ayant passé 46ans de son sacerdoce au Burundi.  Qu’il repose en paix à coté de la Reine de la paix qu’il a servi toute sa vie.

Monseigneur Gervais Banshimiyubusa, a d’abord exprimé sa compassion et réconfort  a l’endroit des Pères de Schoenestatt et tous les Schoenstattiens. Il a alors dit que les cloches que le Père Othmar a mises en place ont sonné nous appelant, pour venir recevoir un miel provenant des abeilles qui ne piquent pas. Comme c’était son année jubilaire,  il a dit que nous sommes venus pour lui fêter son jubilée. Et il a invité les Chrétiens de prier pour lui, et aussi pour ceux qui cherchent toujours les plaisirs de ce monde, pour qu’ils suivent ses pas et que l’Eglise continue à avoir de bons prêtres. 

Homélie  (délivrée par le Père Félicien Nimbona)

Le Père Félicien a commencé par signaler que  la première lecture est la partie de l’évangile ou Jésus nous dit qu’Il est la vigne. Le mot «vigne» est beaucoup utilisé dans les saintes écritures.  Dans Isaïe 5, 1-2,  il parle d’Israël comme la vigne sèche avec de mauvais fruits. Dans Jérémie 2, 21, Dieu se plaint qu’Il a  tout fait pour Israël comme un vigneron qui prend soin de la vigne, mais qu’Israël est toujours ingrat en s’éloignant de Dieu. Jésus à son tour se compare à la bonne vigne, qui donne de bons fruits. Alors si tu veux donner de bons fruits, il faut te brancher sur Jésus Christ, pour être rempli de  la joie venant de la sainte Trinité.   

« Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète” Jean, 11. Cette devise sacerdotale de Père Othmar Landolt nous montre bien qu’il avait compris la vraie joie, et a donné sa vie à Dieu, par sa vocation sacerdotale. Mais dans cela, il faut comprendre que nous sommes tous les disciples de Jésus Christ. Père Othmar l’avait très bien compris, et ses 46ans de missionnaire est un signe irréfutable. Il est resté avec nous ici au Burundi, il n’est pas retourné chez lui. Dans les moments durs qu’a connus le Burundi, notamment pendant la persécution de l’Eglise sous le régime de Bagaza, il est resté même si c’était très difficile. Pendant la guerre civile meurtrière à Mutumba et dans Bujumbura, Père Othmar est resté. Il a survécu des attaques des mines et autres, a enterré avec honneur les restes humains des victimes de la guerre. Mais malgré tout cela, il n’est pas retourné chez lui, il a toujours été avec les Burundais.

Dans Isaïe 61, 10, Dieu nous montre le vrai amour. Que Dieu lui donne cette couronne.

Le fondateur des Pères de Schoenstatt, a voulu que là où sont les Pères de Schoenstatt soit appelé Mont Sion, c’est-à-dire un lieu Saint ou Dieu siège et est adoré, mais aussi un lieu ou Marie trône.

Etre missionnaire n’est pas facile, on doit gravir des montagnes, on doit être fatigué.  Père Othmar s’est donné corps et âme, pour apporter la bonne nouvelle au gens de la paroisse Mutumba. Et à partir de 1997, il a voulu que la Chapelle du Sanctuaire soit un lieu de pèlerinage et de rencontre non seulement  avec Dieu mais aussi entre leurs frères et sœursC’était l’époque de la balkanisation de la ville de Bujumbura, et Père Othmar appelait sans cesse les gens à venir en pèlerinage à Mont Sion.  Il tenait beaucoup au pèlerinage et voyait Mont Sion Gikingu comme un lieu d’unité des Burundais.

Pour Terminer, Père Félicien a souligné que deux choses nous ont rappelés toujours de Père Othmar. Il a dit qu’au moment de la construction de l’Eglise Saint Trinité du Sanctuaire, la Chapelle Eucharistique n’était pas dans le projet, mais que Père Othmar a beaucoup insisté qu’elle soit construite et est allé jusqu’ à chercher les fonds lui-même, pour sa construction.  Deuxième, la tour des trois cloches a été aussi son initiative, et chaque fois que les clochent sonneront nous nous rappelleront du Père Othmar Landolt. Père Félicien n’a pas oublié un autre caractéristique par lequel on se rappellera du Père Othmar: donner le sacrement de la réconciliation, ce qui lui a poussé à le comparer à Saint Jean Marie Vianney.

Il a clôturé son homélie par une petite intercession à la Vierge, «  Que la Vierge Marie le reçoive dans ses Saintes mains, dans le palais du Dieu Vivant ».

Inhumation

Les obsèques ont continué, après la bénédiction du corps, dans les enceintes du sanctuaire. Monseigneur Gervais Banshimiyubusa a alors appelé les chrétiens  présents, à donner Père Othmar à Dieu, le Père plein de compassion et de miséricorde :

« Ce prêtre qui vient de nous quitter, s’était donner au Christ, il faut alors le rendre à Celui en qui il avait mis tout sa confiance. Que le Christ nous conforte dans ces moments de dures épreuves, le Christ qui a compati pour Martha et est allé pleurer sur la tombe de Lazare.  Que Dieu qui avait mis sa vie dans Père Othmar au moment de son baptême, et quand Il a ordonné prêtre, lui donne cette vie en toute plénitude. Que Jésus Christ, qui a vaincu la mort réconforte la famille des pères Schoenstatt, et que tout le monde se préoccupe à bien servir Dieu comme Père Othmar a été un bon exemple».

Témoignage d’un Chrétien ( Père Deo Maruhukiro depuis l’Allemagne)

Celui qui a lu le témoignage du Père Deo Maruhukiro a dit que la nouvelle de la mort de Père Othmar s’est vite répandue et le monde entier a appris de son décès.  Il a souligné que Père Othmar Landolt aimait l’Eglise Catholique, aimait les gens et aimait ceux avec qui il partageait sa mission. Quand on lui a demandé comment il a répondu à la vocation de sacerdoce, il a dit en peu de mots qu’il a senti la vocation sacerdotale quand il était encore petit, et qu’il n’a pas eu de problème à faire son discernement. Père Othmar Landolt, était quelqu’un d’humble, pendant sa mission a Mutumba, aux différents succursales, il mangeait tout ce qu’on lui offrait: haricot, patate douce, manioc, pate froide (akabamo), etc. Pendant ses temps libres, il faisait quelques activités lucratives comme l’élevage des lapins, poules, abeilles. 

Témoignage proprement dit du P. Déogratias Maruhukiro

J’avais connu Père Othmar Landolt quand j’étais encore très petit et j’étais dans Mouvement Schoenstatt à la Paroisse Magara, succursale Kirundo, et on l’appelait Père Nzuki (Père Abeille). Les abeilles le craignaient ou plutôt l’aimait, puisque contrairement aux autres, elles ne le piquaient pas. Il disait que l’élevage des abeilles était le métier de son père et grand-père. Il était vraiment un missionnaire qui ne craignait pas monter les collines et montagnes. Il marchait en compagnie avec force, peut être en était-il habitué puisqu’il y a aussi des collines en Suisse. Mais les gens étaient surpris de voir un homme blanc marchant à pied dans la campagne. Il portait souvent une longue culotte et de longues chaussettes. En le voyant ainsi, on savait alors qu’il allait passer plusieurs jours dans les succursales.  Il savait tout partageait avec les petites gens.

Quand il est venu à Mont Sion Gikungu, on l’a alors surnommé Mabuye Mazima (Pierres Vivantes). C’est lui qui a initié les pèlerinages.  Quand les autres croyaient que comme c’était la guerre il ne fallait pas construire l’église, il s’est battu pour qu’on la bâtisse. Et pendant cette période, se référant à la construction, il rappelait toujours aux chrétiens (pendant ses homélies) que c’était eux les pierres vivantes qui font l’Eglise, d’où le surnom « Mabuye Mazima ».  A Mont Sion Gikungu,  il a aussi tout fait pour que la tour des cloches soit construite alors tout le monde était contre. Les cloches pour Père Othmar Landolt, c’était un bon moyen de rappeler les Chrétiens à venir prier. Il disait prophétiquement qu’un jour sous ces cloches-là, les belligérants de ce moment-là, se rencontreront dans une marche pour la paix.  La prophétie s’est réalisée en 2009, le jour de Couronnement de la Reine de la Paix et de la Réconciliation, quand les nouvelles forces militaires et policières issues des anciens belligérants, ont porté l’image de la Vierge.

On se rappellera aussi de Père Othmar Landolt comme un Prêtre qui donnait très souvent la confession. On se rappellera qu’il s’asseyait très souvent tout près de la chapelle ou tout le monde pouvait le voir, et attendait ceux qui pouvaient bien vouloir se confesser. Il disait souvent qu’un voleur vole puisqu’il a le temps. Il croyait qu’en le voyant certaines personnes se rappelleraient de se confesser. Il a continué à le faire même dans les dernières années, quand il avait de problèmes de santé. Il était très proches de petites gens. C‘est moi qui ai été son successeur comme recteur du Sanctuaire.

Père Othmar Landolt a beaucoup aimé le Burundi. Il est arrivé au Burundi étant un très jeune missionnaire. Le Burundi était devenu son propre pays.  Il aurait pu retourner en Suisse ou il pouvait avoir de meilleurs  docteurs. Il était Africain, et en était fier. Son pays était le Burundi.

Après le témoignage et avant le dépôt des gerbes de fleurs, Monseigneur  a rappelé qu’à ce moment de faire nos adieux au  Père Othmar Landolt, ce missionnaire qui a beaucoup aimé le Burundi, c’était un bon moment de nous rappeler de tous les missionnaires qui nous ont apporté la Bonne Nouvelle souvent au risque de leurs vies, de ne jamais les oublier. Alors ont commencé par la famille des Peres Schoenstatt et les Sœurs de Marie de Schoenstatt, plusieurs groupes ont déposé les gerbes de fleurs, avant de clôturer avec un « Notre Père… », « Je vous salue Marie », et de chansons mariales. 

Comme Père Othmar Landolt, était pleinement devenu Burundais, ses obsèques se sont dérouler selon la coutume Burundaise et après l’inhumation, on s’est rencontré dans la salle polyvalente pour le rituel de se laver les mains, et où on a écouté quelques paroles, avant de recevoir la bénédiction finale par l’archevêque.

Parlant au nom des Pères Schoenstatt, Père Jean Bernard MAZURU, Supérieur délégué, a alors remercié toutes les personnes qui étaient venues s’associer à eux dans cette sainte action particulièrement Monsieur Gervais BANSHIMIYUBUSA. Il a remercié les chrétiens de Mont Sion, puisqu’ils aimaient vraiment le Père Othmar Landolt et n’ont cessé de prier pour lui et de s’enquérir sur son état de santé. Il a dit qu’on venait de faire les adieux à Père Othmar Landolt, mais qu’on se reverra. 

Père Othmar Landolt a fait beaucoup de choses ; il aimait beaucoup la Vierge Marie, a beaucoup enseigné aux gens la Vierge, il visitait les paroisses pour inviter les Chrétiens à visiter le sanctuaire. Quand il était à Mutumba, il voyageait dans la campagne pour voir les Chrétiens. Et à Mont Sion nous nous souviendrons de lui par « la Confession » qu’il donnait souvent. Je peux bien le comparer au Père Jean Marie Vianney ; et voilà que Père Othmar Landolt est mort le 3 Aout, un jour seulement avant de célébrer Saint Jean Marie Vianney. Il a donné la confession à beaucoup de gens, et il nous laisse cet héritage. Chaque fois que la cloche sonnera on se rappellera du Père « Mabuye mazima », de Père « NZUKI ». On aurait aimé qu’il reste avec nous mais Dieu l’a voulu autrement. Que sa volonté soit faite. On devrait faire le deuil, mais dans l’Eglise, nous croyons qu’après cette vie, c’est le commencement d’une autre vie. Aujourd’hui même on lève le deuil, retournez à vos activités quotidiennes.

Avant de donner la bénédiction aux Chrétiens et clôturer les activités, Monseigneur a remercié les Pères de Schoenstatt et tous les missionnaires. Il  a dit  que c’était un signe de grand amour, qu’après toutes ces années au Burundi, avec tous les maux que nous avons connu, Père Othmar Landolt était vraiment un Burundais. Il a dit qu’on a vu un grand amour dans les missionnaires. Il a remercié le Sanctuaire Marial de la Paix et de la Réconciliation, d’avoir combattu le divisionnisme. Il a terminé par prier, « Que Dieu Continue à exaucer vos prières, et que notre Père Othmar Landolt, lui qui a connu les maux qu’a connu et connait le Burundi, soit notre bon ambassadeur auprès de Dieu ». C’est par ces paroles que Monseigneur a donné la bénédiction aux Chrétiens clôturant ainsi, les activités qui avaient commencé à 7h30.

Fulgence Ndayizeye